Salle GAVEAU

 

LA SALLE

Le terrain où se trouve l’immeuble Gaveau a été acquis en 1905. Les plans de la salle, conçus avec une attention particulière à l’acoustique, ont été élaborés à la fin de cette année par l’architecte Jacques Hermant. La construction de l’immeuble a eu lieu entre 1906 et 1907, et la salle Gaveau est rapidement devenue l’une des salles les plus prestigieuses de Paris. Bien qu’elle soit principalement dédiée au piano et à la musique de chambre, elle a également accueilli de nombreux orchestres. Au fil du temps, le nombre de places a légèrement évolué, se stabilisant aujourd’hui à 1020 places.

En 1912, la musique de chambre a connu quelques concerts remarquables : le 8 février, Enesco s’est produit avec le pianiste Eugène Wagner. Fritz Kreisler a donné des performances les 21 et 28 avril, suivi par Wilhelm Backaus le 15 mai. Enfin, Cortot, Thibaud et Casals ont enchanté le public les 24 et 31 mai.

La salle Gaveau a ouvert ses portes pour la saison 1907-1908. Le premier concert a eu lieu le 3 octobre 1907, présenté par le Bremer Lehrergesangverein, avec un chœur impressionnant de 140 artistes. Bien que de taille modeste, la salle Gaveau n’hésitait pas à accueillir de grandes formations. Dès cette saison, elle a également reçu les concerts Lamoureux, dirigés par Camille Chevillard, Vincent D’Indy et André Messager. La saison 1907-1908 a été particulièrement marquante pour la musique de chambre, avec Cortot, Thibaud et Casals qui ont interprété l’intégrale des trios et variations pour trio de Beethoven les 5, 8 et 12 novembre. Eugène Ysaye a donné un récital le 21 janvier 1908, et Marguerite Long s’est produite le 11 décembre 1911.

1912 : ENESCO, KREISLER, CORTOT… Cette année-là a été marquée par d’excellents concerts de musique de chambre : Enesco s’est produit le 8 février avec le pianiste Eugène Wagner. Fritz Kreisler a enchanté le public les 21 et 28 avril, suivi de Wilhelm Backaus le 15 mai, et enfin Cortot, Thibaud et Casals ont partagé la scène les 24 et 31 mai.

1933-1934 : CONCERTS LAMOUREUX ET PASDELOUP. La guerre n’a pas stoppé l’activité artistique de la salle Gaveau, qui a été utilisée pour des galas au profit des soldats et des victimes du conflit. Après la guerre, la salle a connu une période particulièrement brillante avec les concerts Lamoureux et Pasdeloup. De grands chefs d’orchestre y ont dirigé, notamment Charles Munch le 28 octobre 1933. Le célèbre pianiste Rudolph Serkin s’est produit le 2 décembre 1933, tandis que Wanda Landowska a donné un récital sur un clavecin Pleyel le 7 novembre 1933. En 1934, Yves Nat a interprété les sonates de Beethoven.

1939-1945 : UNE PÉRIODE TROUBLÉE. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la salle reprend son rôle d’accueil pour les galas. Berthe Bovy y récite des fables de La Fontaine. Durant l’occupation, de célèbres solistes se produisent, tels que Paul Tortelier, Pierre Fournier, Raymond Trouard et Jacques Février. À partir de 1944, Samson François se produit régulièrement, tandis que Germaine Lubin interprète des mélodies accompagnée au piano par Reynaldo Hahn.

1976 : REPRISE DE LA SALLE PAR C. ET J.M. FOURNIER. La faillite de la maison Gaveau en 1963 a été le seul événement à menacer la pérennité de la salle. L’immeuble, partiellement vendu à une compagnie d’assurance, a rapidement perdu de son éclat. Sous la pression foncière, la salle a failli être transformée en parking, mais a été sauvée in extremis grâce à l’engagement passionné de Chantal et Jean-Marie Fournier, un couple de musiciens qui l’ont acquise en 1976 et qui la font vivre depuis 25 ans.

En 1992, la salle Gaveau a été classée monument historique. Inscrite à l’inventaire en 1982, elle a été sauvée d’une situation critique malgré son état très dégradé. Les responsables ont exprimé leurs inquiétudes, craignant qu’un siège ne cède pendant une représentation, et ont lancé un appel pour obtenir des subventions en vue de sa restauration. Les travaux, supervisés par l’architecte en chef des monuments historiques, Alain Charles Perrot, qui s’occupe également de l’opéra de Paris, visent à restaurer le confort acoustique tout en préservant le son unique de la salle, essentiel à son succès.

2001 : LA RÉNOVATION EST ENFIN TERMINÉE ! Bien que le son demeure inchangé, l’atmosphère a évolué : « Les spectateurs seront agréablement surpris de redécouvrir la simplicité et l’élégance d’origine de cette salle moderne avant l’heure », déclare Alain Charles Perrot. L’architecte a réussi à retrouver le délicat gris rehaussé d’or du décor historique, tout en préservant l’originalité de l’éclairage, avec ses ampoules nues suspendues « comme des perles au plafond ». Les fauteuils, soigneusement reconstitués avec des piétements métalliques et un cadre en bois, arborent à nouveau leur teinte jaune bouton d’or d’origine. En revenant à son authenticité, Gaveau souhaite séduire un nouveau public, y compris les entreprises du « triangle d’or » pour des événements privés. L’avenir de cette salle prestigieuse repose sur une complémentarité harmonieuse des activités, tout en plaçant toujours la musique au cœur de l’expérience. La salle rouvrira ses portes le 8 janvier 2001, avec un concert de réouverture mémorable, mettant en vedette le grand Roberto Alagna.
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*Source  du texte  : Site officiel de la Salle Gaveau
*Source de la photo : Wikipedia
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2024 : QUELLE PERSPECTIVE POUR LA SALLE GAVEAU? 
Le producteur Jean-Marc Dumontet, récemment devenu propriétaire de la marque et du fonds de commerce, déclare son intention d’élargir l’offre du lieu tout en s’appuyant sur son « socle » qu’est la musique classique.

Dans une interview accordée au Figaro, Jean-Marc Dumontet a exprimé sans détour ses ambitions pour la salle Gaveau : « Tout comme le domaine de la musique classique, Gaveau doit se réinventer. » Ce renouvellement n’impliquera pas des rénovations importantes, à l’exception de la façade et du logo, mais se traduira plutôt par l’organisation de « concerts acoustiques avec des artistes de renom, des spectacles en solo et des performances humoristiques ». Il prévoit également d’ouvrir un restaurant sur place, non pas dans un but lucratif, mais pour « aider à redéfinir l’image de Gaveau ».

Dumontet s’efforce par ailleurs de rassurer le public fidèle : « Gaveau a été un lieu emblématique de la musique classique, et je compte m’appuyer sur cet héritage tout en le renforçant. »

La place réservée à l’héritage musical de la salle, qui porte le nom d’une célèbre marque de pianos, demeure à clarifier. La programmation de la prochaine saison sera annoncée au premier trimestre 2025, et des modifications pourraient être effectuées sur la saison actuelle afin de « revitaliser l’offre prévue jusqu’en juin 2025 ».

Il est également important de mentionner que le producteur se remet lentement d’une année 2022 particulièrement difficile financièrement et qu’il reconnaît l’urgence de générer des bénéfices : « Pour acquérir mes théâtres, je suis entièrement emprunté. Je pars de rien, donc ils doivent rapidement devenir rentables […] La première année sera difficile, mais l’objectif est que Gaveau atteigne l’équilibre dès la deuxième année. »

Source : Diapason Octobre 2O24.